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OWEN ET LUNET OU LA DAME DE LA FONTAINE

« Va avec cet onguent, emmène ce cheval-là, et emporte des vêtements que tu mettras à la portée de l’homme de tout à l’heure. Frotte-le avec cet onguent dans la direction de son cœur. S’il y a encore de la vie en lui, cet onguent le fera lever. Épie ce qu’il fera. » La pucelle partit. Elle répandit sur lui tout l’onguent, laissa le cheval et les habits à portée de sa main, s’éloigna un peu de lui, se cacha et l’épia. Au bout de peu de temps, elle le vit se gratter les bras, se relever et regarder sa peau. Il eut grande honte, tellement son aspect était repoussant. Apercevant le cheval et les habits il se traîna jusqu’à ce qu’il pût tirer les habits à lui de la selle, et les revêtir. Il put à grand-peine monter sur le cheval. Alors la pucelle parut et le salua. Il se montra joyeux vis-à-vis d’elle, et lui demanda quels étaient ces domaines et ces lieux. « C’est à une comtesse veuve, » dit-elle, « qu’appartient ce château fort là-bas. Son mari, en mourant, lui avait laissé deux comtés, et aujourd’hui, elle n’a plus d’autre bien que cette demeure : tout le reste lui a été enlevé par un jeune comte, son voisin (1), parce qu’elle n’a pas voulu devenir sa femme. » — « C’est triste, » dit Owein. Et la jeune fille et lui se rendirent au château.

Owein descendit ; la jeune fille le mena à une chambre confortable, alluma du feu, et le laissa. Puis elle se rendit auprès de la comtesse, et lui

(1) Ce comte s’appelle Aliers dans le Chevalier au Lion.