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LES MABINOGION

Le lendemain il se leva, mais ce ne fut pas pour se rendre à la cour ; il alla aux extrémités du monde et aux montagnes désertes. Et il continua ainsi jusqu’à ce que ses habits furent usés, et son corps pour ainsi dire aussi ; de longs poils lui poussèrent par tout le corps. Il fit sa compagnie des animaux sauvages, il se nourrit avec eux, si bien qu’ils devinrent familiers avec lui. Mais il finit par s’affaiblir au point de ne pouvoir les suivre. Il descendit de la montagne à la vallée, et se dirigea vers un parc, le plus beau du monde, qui appartenait à une comtesse veuve. Un jour, la comtesse et ses suivantes allèrent se promener au bord de l’étang qui était dans le parc, jusqu’à la hauteur du milieu de l’eau. Là elles aperçurent comme une forme et une figure d’homme. Elles en connurent quelque crainte, mais, néanmoins, elles approchèrent de lui, le tâtèrent et l’examinèrent. Elles virent qu’il était tout couvert de teignes, et qu’il se desséchait au soleil. La comtesse retourna au château. Elle prit plein une fiole d’un onguent précieux (1), et le mit dans la main d’une de ses suivantes en disant :

(1) Dans le Chevalier au Lion, les dames ont reconnu Yvain. La dame du château tient son onguent de la fée Morgain. Le grand médecin, dans le roman de Gereint et Enid, c’est Morgan Tut ou Morgan le fé. Tut est identique à l’irlandais tûath : ban-tûath, sorcière (femme-sorcière) : The Rennes Dindshenchas 18, Revue Celt., 1895 ; ibid., 30 tuattach id. Sur Morgain la fée, v. miss Paton, Studies in the fairy myth. of Arthur. Romances, 1903. Sur Morgan Tut, v. J. Loth, Contributions à l’étude des romans de la Table Ronde, Paris, 1912. p. 51.