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LES MABINOGION

alors Owein, « je ne te reconnaissais pas à cause de ta couverture ; tu es mon cousin germain. Tiens mon épée et mes armes. » — « C'est toi qui es le maître, Uwein, » répondit Gwalchmei, « c’est toi qui as vaincu ; prends donc mon épée. » Arthur les remarqua dans cette situation, et vint à eux. « Seigneur Arthur, » dit Gwalchmei, « voici Owein qui m’a vaincu, et il ne veut pas recevoir de moi mon épée. » — « Seigneur, » dit Uwein, « c’est lui qui est le vainqueur, et il ne veut pas de mon épée. » — « Donnez-moi vos épées, » dit Arthur, « et ainsi aucun de vous n’aura vaincu l’autre. » Owein jeta les bras autour du cou d’Arthur, et ils se baisèrent. L’armée accourut vers eux. Il y eut tant de presse et de hâte pour voir Owein et l’embrasser, que peu s’en fallut qu’il n’y eût des morts. Ils passèrent la nuit dans leurs pavillons.

Le lendemain, Arthur manifesta l’intention de se mettre en route. « Seigneur, » dit Owein, « ce n’est pas ainsi que tu dois agir. Il y a aujourd’hui trois ans que je t’ai quitté, et que cette terre m’appartient. Depuis ce temps jusqu’aujourd’hui, je prépare un banquet pour toi. Je savais que tu irais à ma recherche. Tu viendras donc avec moi pour te débarrasser de ta fatigue, toi et tes hommes. Vous aurez des bains. » Ils se rendirent au château de la Dame de la Fontaine tous ensemble, et le festin qu’on avait mis trois ans à préparer, ils en vinrent à bout en trois mois de suite. Jamais banquet ne leur parut plus confortable ni meilleur. Arthur