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LES MABINOGION

et honte à moi si je n’en reviens avec un guerrier qui gardera la fontaine aussi bien ou mieux que celui qui l’a fait avant. » - « C’est difficile ; enfin, essaie ce que tu dis. »

Lunet partit comme si elle allait à la cour d’Arthur, mais elle se rendit à sa chambre auprès d’Owein. Elle y resta avec lui jusqu’au moment où il eût été temps pour elle d’être de retour de la cour d’Arthur. Alors elle s’habilla et se rendit auprès de la comtesse, qui la reçut avec joie : « Tu apportes des nouvelles de la cour d’Arthur ? » dit-elle. Les meilleures du monde, princesse ; j’ai trouvé ce que je suis allée chercher. Et quand veux-tu que je te présente le seigneur qui est venu avec moi ? » — « Viens avec lui demain vers midi pour me voir. Je ferai débarrasser la maison en vue d’un entretien particulier. » Lunet rentra.

Le lendemain, à midi, Owein revêtit une robe, un surcol ; et un manteau de paile jaune, rehaussé d’un large orfrei de fil d’or ; ses pieds étaient chaussés de brodequins de cordwal bigarré, fermés par une figure de lion en or. Ils se rendirent à la chambre de la dame qui les accueillit d’aimable façon. Elle considéra Owein avec attention : Lunet », dit-elle, « ce seigneur n’a pas l’air de quelqu’un qui a voyagé ». — « Quel mal y a-t-il à cela, princesse, » dit Lunet ? — « Par Dieu et moi, ce n’est pas un autre que lui qui a fait sortir l’âme du corps de mon seigneur. » — « Tant mieux pour toi, princesse ; s’il n’avait pas été plus fort que lui,