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OWEN ET LUNET OU LA DAME DE LA FONTAINE

tu eusses si peu de sens. Il vaudrait mieux pour toi chercher à réparer la perte de ce seigneur que de l’occuper d’une chose irréparable. » - « Par moi et Dieu, je ne pourrai jamais remplacer mon seigneur par un autre homme au monde. » — « Tu pourrais épouser qui le vaudrait bien et peut-être mieux. » — « Par moi et Dieu, s’il ne me répugnait de faire périr une personne que j’ai élevée, je te ferais mettre à mort, pour faire en ma présence des comparaisons aussi injustes. Je t’exilerai en tout cas. » — « Je suis heureuse que tu n’aies pas à cela d’autre motif que mon désir de t’indiquer ton bien, lorsque tu ne le voyais pas toi-même. Honte à la première d’entre nous qui enverra vers l’autre, moi pour solliciter une invitation, toi pour la faire. » Et Lunet sortit. La dame se leva et alla jusqu’à la porte de la chambre à la suite de Lunet ; là elle toussa fortement. Lunet se retourna. La comtesse lui fit signe et elle revint auprès d’elle. « Par moi et Dieu, dit la dame, tu as mauvais caractère, mais puisque c’est mon intérêt que tu veux n’enseigner, dis-moi comment cela se pourrait. » — « Voici, » dit-elle. « Tu sais qu’on ne peut maintenir ta domination que par vaillance et armes. Cherche donc au plus tôt quelqu’un qui la conserve. » — « Comment puis-je le faire ? » — Voici : si tu ne peux conserver la fontaine, tu ne peux conserver tes États ; il ne peut y avoir d’autre homme à défendre la fontaine que quelqu’un de la cour d’Arthur. J’irai donc à la cour,