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LES MABINOGION

que tu as tué hier. » — « Dieu sait, » dit Owein, que c’est la femme que j’aime le plus. » — « Dieu sait qu’elle ne t’aime ni peu ni point. » La pucelle se leva et alluma un feu de charbon, remplit une marmite d*eau et la fit chauffer. Puis elle prit une serviette de toile blanche et la mit autour du cou d’Owein. Elle prit un gobelet d’os d’éléphant, un bassin d’argent, le remplit d’eau chaude et lava la tête d’Owein. Puis elle ouvrit un coffret de bois, en tira un rasoir au manche d’ivoire, dont la lame avait deux rainures dorées, le rasa et lui essuya la tête et le cou avec la serviette. Ensuite elle dressa la table devant Owein et lui apporta son souper. Owein n’en avait jamais eu de comparable à celui-là, ni d’un service plus irréprochable. Le repas terminé, la pucelle lui prépara son lit. « Viens ici te coucher, » dit-elle, « et j’irai faire la cour pour toi. »

Elle ferma la porte et s’en alla au château. Elle n’y trouva que tristesse et soucis. La comtesse était dans sa chambre, ne pouvant, dans sa tristesse, supporter la vue de personne. Lunet s’avança vers elle et la salua. Elle ne répondit pas. La pucelle se fâcha et lui dit : « Que t’est-il arrivé, que tu ne répondes à personne aujourd’hui ? » — « Lunet, » dit la comtesse, « quel honneur est le tien, que tu ne sois pas venue te rendre compte de ma douleur. C’est moi qui t’ai faite riche. C’était bien mal à toi de ne pas venir, oui, c’était bien, mal. » — « En vérité, » dit Lunet, « je n’aurais jamais pensé que