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OWEN ET LUNET OU LA DAME DE LA FONTAINE

promena ses regards sur tout l’appartement : il n’y avait pas un clou qui ne fût peint de riche couleur, pas un panneau qui ne fût décoré de diverses figures dorées (1). La pucelle alluma un feu de charbon, prit un bassin d’argent avec de l’eau, et, une serviette de fine toile blanche sur l’épaule, elle offrit l’eau à Owein pour qu’il se lavât. Ensuite, elle plaça devant lui une table d’argent doré, couverte d’une nappe de fine toile jaune et lui apporta à souper. Il n’y avait pas de mets connu d’Owein dont il ne vit là abondance, avec cette différence que les mets qu’il voyait étaient beaucoup mieux préparés qu’ailleurs. Nulle part il n’avait vu offrir autant de mets ou de boissons excellentes que là. Pas un vase de service gui ne fût d’or ou d’argent. Owein mangea et but jusqu’à une heure avancée du temps de nones. À ce moment, ils entendirent de grands cris dans le château. Owein demanda à la pucelle quels étaient ces cris : « On donne l’extrême onction au maître du château, » dit-elle. Owein alla se coucher. Il eût été digne d’Arthur, tellement il était bon, le lit que lui fit la pucelle, de tissus d’écarlate, de paile, de cendal (2) et de toile fine.

Vers minuit, ils entendirent des cris perçants.

(1) L’usage de peindre les panneaux des appartements était assurément 1-panclu au moyen âge. Lady Guest cite à l’appui plusieurs passages de Chaucer, notamment du Knightes Tale, 1917.

(2) Le cendal est une espèce de soie, probablement une sorte de taffetas, en usage dès le xie siècle (Quicherat, Le costume, p. 153).