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OWEN ET LUNET OU LA DAME DE LA FONTAINE

deux portes. La porte intérieure fut fermée, de sorte qu’Oweín ne pouvait s’échapper.

Il était dans le plus grand embarras, lorsqu’il aperçut, à travers la jointure de la porte une rue en face de lui, avec une rangée de maisons des deux côtés, et une jeune fille aux cheveux blonds frisés, la tête ornée d’un bandeau d’or, vêtue de paile jaune, les pieds chaussés de deux brodequins de cordwal tacheté, se dirigeant vers l’entrée. Elle demanda qu’on ouvrit : « En vérité », dit Owein, dame, il n’est pas plus possible de l’ouvrir d’ici que tu ne peux toi-même de là me délivrer ». - « C’est vraiment grande pitié, » dit la pucelle, « qu’on ne puisse te délivrer. Ce serait le devoir d’une femme de te rendre service. Je n’ai jamais vu assurément jeune homme meilleur que toi pour une femme (1). Si tu avais une amie, tu serais bien le meilleur des amis pour elle ; si tu avais une maîtresse, il n’y aurait pas meilleur amant que toi ; aussi ferai-je tout ce que je pourrai pour te tirer d’affaire. Tiens cet anneau et mets-le à ton doigt. Tourne le chaton à l’intérieur de ta main et ferme la main dessus. Tant que tu le cacheras, il te cachera toi-même (2).

(1) L’empressement de Lunet à obliger Owein, et ce compliment qu’elle lui adresse sont justifiés dans le Chevalier au Lion, de Chrestien de Troyes. Envoyée par sa dame à la cour d’Arthur, elle n’avait trouvé d’appui qu’nupràs d’Owein. Elle l’a reconnu et veut lui témoigner sa reconnaissance en le tirant du mauvais pas où il se trouve. »

(2) Il est question, dans des récits de tous pays, d’anneaux de ce genre. L’anneau de Gygès est un des plus fameux. Celui-ci est