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LES MABINOGION

il vit un chevalier venir le long de la vallée. Owein alla à sa rencontre et ils se battirent rudement. Ils brisèrent leurs deux lances, tirèrent leurs épées et s’escrimèrent. Owein bientôt donna au chevalier un tel coup qu’il traversa le beaume, la cervelière et la ventaille (1) et atteignit à travers la peau, la chair et les os jusqu’à la cervelle. Le chevalier noir sentit qu’il était mortellement blessé, tourna bride et s’enfuit. Owein le poursuivit et, s’il ne pouvait le frapper de son épée, il le serrait de près. Un grand château brillant apparut. Ils arrivèrent à Pentrée. On laissa pénétrer le chevalier noir] mais on fit retomber sur Owein la herse. La herse atteignit l’extrémité de la selle derrière lui, coupa le cheval en deux, enleva les molettes des éperons du talon d’Owein et ne s’arrêta qu’au sol. Les molettes des éperons et un tronçon du cheval restèrent dehors, et Owein, avec l’autre tronçon, entre les

(1) Voir notes critiques. La cervelière ou coiffe était une coiffure de mailles ou de plaques de fer enveloppant la partie supérieure du crâne. Ou elle était sous-jacente au camail, partie du vêtement de l’homme de guerre qui couvrait la tète et les épaules, et alors elle était de toile ou de peau, et n’était qu’un serre-tête (pernnffestin), où elle faisait partie du camail, et, dans ce cas, était faite de maillons ; ou encore elle était posée par-dessus ; alors elle était de fer battu (Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné du mobilier français, V). La ventaille était une petite pièce dépendant du haubert, et que l’on attachait à la coiffe pour protéger le visage. Elle ne remontait pas jusqu’aux yeux. Elle fut remplacée par la visière qui dépendait du casque (Paulin Paris, Les Romans de la Table Ronde, IV).