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fit. Ils se rendirent au tertre. Ils y étaient à peine depuis un moment, qu’ils virent la cavalière venir par la même route, dans le même attirail, et s’avançant de la même allure. « Valet, » dit Pwyll, « je vois venir la cavalière ; donne-moi mon cheval. » Il n’était pas plutôt en selle qu’elle l’avait déjà dépassé. Il tourna bride après elle, et lâcha les rênes à son cheval impétueux et fougueux, persuadé qu’il allait l’atteindre au deuxième ou au troisième bond. Il ne se trouva pas plus près d’elle qu’auparavant. Il lança son cheval de toute sa vitesse. Voyant qu’il ne lui servait pas de la poursuivre, Pwyll s’écria : « Jeune fille, pour l’amour de l’homme que tu aimes le plus, attends-moi. » ― « Volontiers, » dit-elle ; « il eût mieux valu pour le cheval que tu eusses fait cette demande il y a déjà quelques temps. » La jeune fille s’arrêta et attendit. Elle rejeta la partie de son voile qui lui couvrait le visage, fixa ses regards sur lui et commença à s’entretenir avec lui. ― « Princesse, » dit Pwyll, « d’où viens-tu et pourquoi voyages-tu ? » ― « Pour mes propres affaires, » répondit-elle, « et je suis heureuse de te voir. » ― « Sois la bienvenue. » Aux yeux de Pwyll, le visage de toutes les pucelles ou femmes qu’il avait vues n’était d’aucun charme à côté du sien. « Princesse, » ajouta-t-il, « me diras-tu un mot de tes affaires ? » ― « Oui, par moi et Dieu[1], » répondit-elle, « ma principale affaire était

  1. On pourrait traduire l’expression galloise yrof i a Duw par entre moi et Dieu.