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de son cheval mortellement blessé. « Ah, prince, » s’écria Hafgan, « quel droit avais-tu à ma mort ? Je ne te réclamais rien ; tu n’avais pas de motifs, à ma connaissance, pour me tuer. Au nom de Dieu, puisque tu as commencé, achève-moi. » ― « Prince, » répondit-il, « il se peut que je me repente de ce que je t’ai fait ; cherche qui te tue, pour moi, je ne te tuerai pas. » ― « Mes nobles fidèles, emportez-moi d’ici ; c’en est fait de moi ; je ne suis plus en état d’assurer plus longtemps votre sort. » ― « Mes nobles, » dit le remplaçant d’Arawn, « faites-vous renseigner et sachez quels doivent être mes vassaux. » ― « Seigneur, » répondirent les nobles, « tous ici doivent l’être ; il n’y a plus d’autre roi sur tout Annwvyn que toi. » ― « Eh bien, il est juste d’accueillir ceux qui se montreront sujets soumis ; pour ceux qui ne viendront pas faire leur soumission, qu’on les y oblige par la force des armes[1]. » Il reçut aussitôt l’hommage des vassaux, et commença à prendre possession du pays ; vers le milieu du jour, le lendemain ; les deux royaumes étaient en son pouvoir. Il partit ensuite pour le lieu du rendez-vous, et se rendit à Glynn Cuch. Il y trouva Arawn qui l’attendait ; chacun d’eux fit à l’autre joyeux accueil : « Dieu te

  1. On dirait un souvenir du vers de Virgile :
    Parcere subjectis et debellare superbos.