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mettrai à ma place à Annwvyn ; je te donnerai pour dormir avec toi chaque nuit la femme la plus belle que tu aies jamais vue. Tu auras ma figure et mon aspect, si bien qu’il n’y aura ni valet de la chambre, ni officier, ni personne parmi ceux qui m’ont jamais suivi, qui se doute que ce n’est pas moi. Et cela, jusqu’à la fin de cette année, à partir de demain. Notre entrevue aura lieu alors dans cet endroit-ci. » ― « Bien, mais, même après avoir passé un an là-bas, d’après quelles indications pourrai-je me rencontrer avec l’homme que tu dis ? » ― « La rencontre entre lui et moi est fixée à un an ce soir, sur le gué ; sois-y sous mes traits ; donne-lui un seul coup, et il ne survivra pas. Il t’en demandera un second, mais ne le donne pas en dépit de ses supplications. Moi, j’avais beau frapper, le lendemain il se battait avec moi de plus belle. » ― « Bien, mais que ferai-je pour mes états ? » ― « Je pourvoirai, » dit Arawn, à ce qu’il n’y ait dans tes états ni homme ni femme qui puisse soupçonner que c’est moi qui aurai pris tes traits ; j’irai à ta place. » ― « Volontiers, je pars donc. » ― « Ton voyage se fera sans difficulté ; rien ne te fera obstacle jusqu’à ce que tu arrives dans mes États : je serai ton guide. » Il conduisit Pwyll jusqu’en vue de la cour et des habitations. « Je remets, » dit-il, « entre tes mains ma cour et mes domaines. Entre ;