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ses compagnons. Comme il prêtait l’oreille aux aboiements des chiens, il entendit ceux d’une autre meute ; la voix n’était pas la même et cette meute s’avançait à la rencontre de la sienne. À ce moment, une clairière unie s’offrit à sa vue dans le bois, et, au moment où sa meute apparaissait sur la lisière de la clairière, il aperçut un cerf fuyant devant l’autre. Il arrivait au milieu de la clairière lorsque la meute qui le poursuivait l’atteignit et le terrassa. Pwyll se mit à considérer la couleur de ces chiens sans plus songer au cerf : jamais il n’en avait vu de pareille à aucun chien de chasse au monde. Ils étaient d’un blanc éclatant et lustré, et ils avaient les oreilles rouges, d’un rouge aussi luisant que leur blancheur. Pwyll s’avança vers les chiens, chassa la meute qui avait tué le cerf et appela ses chiens à la curée. À ce moment il vit venir à la suite de la meute, un chevalier monté sur un grand cheval gris-fer, un cor de chasse passé autour du cou, portant un habit de chasse de laine grise.

Le chevalier s’avança vers lui et lui parla ainsi : « Prince, je sais qui tu es, et je ne te saluerai point. » ― « C’est que tu es peut-être, » répondit Pwyll, » d’un rang tel que tu puisses t’en dispenser. » ― « Ce n’est pas assurément l’éminence de mon rang qui m’en empêche. » ― « Quoi donc, seigneur ? » ― « Par moi et Dieu, ton impolitesse et ton manque de courtoisie. » ― « Quelle impolitesse, seigneur, as-tu remarquée en moi ? » ― « Je n’ai jamais vu personne en commettre une plus