Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tallés par Guillaume le Conquérant dans ce pays étaient bretons-armoricains. Iuthaël de Totenes, entre autres, était un des grands propriétaires du Devon et avait des possessions en Cornwall. Quand Eliduc part pour l’Angleterre, c’est à Totnes qu’il débarque et c’est chez le roi d’Excestre (Exeter) qu’il prend du service[1]. Pendant le xie et le xiie siècle, les Armoricains semblent avoir eu l’habitude de traverser la Manche pour chercher fortune dans le sud-ouest de l’île. C’est une habitude qu’ils avaient encore au xvie siècle. En Cornwall, ils étaient chez eux[2].

Il faut remarquer que les traditions brittoniques devaient s’être conservées chez des populations du Wessex entièrement saxonisées au point de vue de la langue mais où la fusion des éléments celtiques et saxons s’était faite pacifiquement, par exemple en Somerset, où le brittonique était encore parlé couramment au vii-viiiesiècle[3]. J’ai eu occasion d’ailleurs de montrer à plusieurs reprises que les rapports entre les Anglo-Saxons et les Brittons n’avaient pas eu le caractère d’implacable hostilité qu’on leur a trop souvent attribué[4].

  1. Eliduc (Aliduc) est connu de Gaufrei (Historia X, 146) qui le place à Tintagol. La forme Tintaiol (aujourd’hui on prononce Tintadjol), indique une source française ou anglaise.
  2. J. Loth, Cornoviana I. Revue celt., 1911 ; fascicule 3.
  3. J. Loth, Le brittonique en Somerset (Revue celt., XX, 349). Cf. mots latins, p. 17-18, 17, note 3 ; p. 32, note 1.
  4. J’en ai donné des preuves dans mon article : Des nouvelles théories… Revue celt., XIII, p. 485-488 ; cf. Les études celtiques. Revue Intern. de l’Ens. sup., 1911, p. 23. Dans un texte de 960 (B. of Landav, p. 219), deux des fils de Nogui portent des noms saxons : Birtulf et Britilm. Il y avait des esclaves saxonnes chez les Gallois. Riataf (ibid., p. 1857), du temps de l’évêque Berthguin, achète une terre pro XXIIII et saxonica muliere, etc.