Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on lui coupe la tête. La même idée se retrouve chez les insulaires de Mabuia, dans le détroit de Torres[1].

Les recherches entreprises dans cette direction ont donné quelques résultats. On a pu, avec vraisemblance, mettre en relief le caractère mythique de certains personnages, mais on a trop généralisé. Il y a quelques années, tout était mythe solaire. Aujourd’hui, il n’y a plus rien d’humain ni de terrestre dans les légendes celtiques : tout est extra-naturel, other-world. Il semblerait que les anciens Celtes aient passé leur temps à rêver uniquement d’au-delà ou d’au-dessous. L’histoire et l’archéologie nous donnent une toute autre idée de cette grande famille, vive entre toutes, batailleuse, turbulente, avide de mouvement qui, du ive au Ier siècle avant notre ère, a sillonné l’Europe dans tous les sens et l’a semée d’établissements dont beaucoup de noms de lieux témoignent aujourd’hui encore. Ils paraissent beaucoup plus occupés à envoyer leurs ennemis dans l’autre monde qu’à y rêver. En tout cas, il est parfaitement invraisemblable qu’il n’y ait que des personnages d’origine mythique dans les traditions d’un peuple héroïque entre tous et dont l’histoire même fournissait la plus abondante matière au merveilleux épique.

Le fond des romans arthuriens étant celtique et incontestablement d’origine brittonique, il resterait à fixer la part respective des trois groupes

  1. Hartland, Primitive paternity, 1909, tome I, p. 183.