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vernis français, et précisé la donnée vieille celtique. En comparant Peredur-Perceval, on peut, avec quelque vraisemblance, supposer qu’il s’agit d’un récit de vengeance et d’expiation préhistorique ou vieille celtique[1]. Mais l’idée maîtresse d’Owen-Yvain est, en revanche, fort difficile à dégager. S’agit-il primitivement d’une histoire de féerie, d’amour entre mortel et créature surnaturelle, comme dans certains lais ; ou n’y a-t-il pas encore ici, une vengeance d’un autre genre, la vengeance de la Fontaine qui se défend, compliquée d’autres données ; ou mieux, fusion des deux thèmes ? Si on entre dans le détail des épisodes, on se trouve en présence de problèmes tout aussi difficiles, pour ne pas dire insolubles. Le roman de Kulhwch est relativement moderne, mais nombre de ses épisodes remontent à une haute et insaisissable antiquité.

L’épisode du porc Trwyt est sûrement vieux celtique ; celui de Mabon ab Modron avec son saumon est préhistorique. Comment expliquer que Bran se fasse couper la tête, avec ordre à ses compagnons de l’emporter avec eux pendant quatre-vingt-sept ans et de l’enterrer à Gwynn-Vrynn en face de la France ? N’y a-t-il pas là remaniement et confusion ? Un personnage ayant changé de forme est souvent délivré dans certains contes européens, si

  1. L’idée de le guérison du roi Pêcheur parla vengeance est profondément celtique. En vieil irlandais, l’idée de payement, acquittement d’une dette est exprimée par le même mot : iccaim signifie : je paye et je guéris ; de même iachau en gallois (Anc. L. I, p. 466).