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française. C’est très probablement par eux ou sous leur influence, par leurs ménestrels, que les traditions celtiques se propagèrent en Angleterre. Sur le rôle du Cornwall dans la transmission de la matière de Bretagne, V. J. Loth, Contributions à l’étude des romans de la Table Ronde.

Ce contact avec la civilisation la plus vivace et la plus avancée de l’époque ne fut pas non plus sans effet sur la société galloise. L’état social, la condition des terres en furent profondément modifiés.

En revanche, les bardes gallois n’avaient rien à apprendre des trouvères français, et de fait nulle influence française n’apparaît à aucun point de vue, dans leurs poésies. La poésie lyrique galloise est très supérieure à la poésie française. Il faut ajouter que si les alliances entre les deux aristocraties furent nombreuses, les luttes entre elles n’en furent pas moins ardentes et souvent terribles. À aucune autre époque, les luttes intestines entre les chefs gallois, les guerres avec les rois d’Angleterre ou leurs représentants, ne furent plus acharnées et plus incessantes. Devant les dangers qui menaçaient jusqu’à l’existence du pays, les bardes exaltaient le passé des ancêtres, multipliaient les prophéties annonçant l’apparition des sauveurs. Jamais le sentiment national n’atteignit à un degré d’exaltation comparable. C’est sans doute sous l’empire des sentiments nationaux, qu’on se mit à populariser par écrit les récits traditionnels, les glorieuses