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des manuscrits du xiie et du xiiie siècle ; l’enchaînement des propositions est moins varié et moins savant ; la période par juxtaposition y est fréquente. Cela tient pour une part, à ce que la prose était moins cultivée que la poésie, et à ce que la transmission des traditions légendaires, mythico-héroïques, se faisait surtout oralement : on a l’impression que l’auteur raconte lui-même ou écrit sous la dictée[1].

Alfred Nutt a publié, en 1902, une réimpression pure et simple de la traduction de lady Charlotte Guest, en l’allégeant des notes et du commentaire ; il l’a fait suivre, en revanche, de notes substantielles qui sont comme le résumé de ses travaux et de ses vues sur les romans gallois et la matière de Bretagne[2]. La traduction reste donc avec ses qualités, dont la principale est un talent littéraire tel que Alfred Nutt n’hésite pas à la considérer comme un des chefs-d’œuvre de la prose narrative anglaise, mais aussi avec ses défauts. Lady Charlotte Guest ne savait guère le gallois ; elle a travaillé sur une version littérale d’un savant gallois et, à force de

  1. Sur la grande valeur littéraire des romans gallois, voir plus loin, Introduction, p. 41 et suiv.
  2. The Mabinogion, mediæval welsh romances, translated by lady Charlotte Guest, with notes by Alfred Nutt and published by David Nutt. London, 1902, in-vol, in-12.