Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dames. Ces récits, ils les racontent à leur façon ; comme le dit très bien Alfred Nutt (The Mabin., p. 753), le champion celtique devint un chevalier contemporain ; le chef celtique se mua en baron féodal ; les noms brittoniques aussi gênants pour eux que les noms de lieux gallois actuels pour les journalistes anglais, furent transformés ou remplacés ; la topographie primitive disparut.

Le féérique et le merveilleux ont été évidemment pour nos conteurs un des principaux attraits des légendes celtiques. Or, tous les récits gallois en sont pénétrés. S’ils ont préféré certains d’entre eux et laissé de côté, par exemple, le Mabinogi, c’est ou bien qu’ils ne les connaissaient pas ou qu’ils ont trouvé dans d’autres plus de scènes guerrières ou d’aventures héroïques. On ne saurait, en effet, comme l’a fait A. Nutt, opposer chez les Gallois, les récits héroïques aux récits mythiques. Si le caractère mythique est encore à la rigueur, parfois reconnaissable dans le Mabinogi, si la comparaison avec l’épopée irlandaise et certains traits particuliers permettent de reconnaître dans quelques personnages de ce groupe des dieux ou demi-dieux vieux celtiques, les héros sont des hommes au même titre qu’Owen, Peredur ou Gereint, vivant comme eux dans un monde à moitié surnaturel. Outre le motif donné plus haut, il est fort probable que si leur préférence est allée à des romans comme ceux de Peredar, Owen et Lunet, Gereint et Enid, Tristan', c’est qu’ils les ont trouvés sous une forme plus appropriée à leur goût, et