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deux sens de lieu secret, prison et de vase. (Cf. Godefroy. Dictionnaire de l’ancienne langue française.) L’auteur gallois aura pris le second sens ; Chrétien aura employé chapele dans son sens ordinaire. Il n’est pas impossible aussi que les deux auteurs aient eu sous les yeux quelque forme latine qu’ils auront comprise diversement. Gröber (Grundriss der roman Phil, II, p. I, p.303) est d’avis que Chrétien a dû utiliser pour Perceval une source latine. De même Nitze (The castle of Grail, p. 39), suppose une source latine intermédiaire entre l’original celtique et les descriptions de Chrétien-Wofram pour le château.

Les noms des héros dans les trois romans gallois sont encore nettement celtiques. On trouvera dans les notes explicatives tous les renseignements utiles à leur sujet. Chrétien les a souvent défigurés. Il a changé Gereint en Erec, Peredur en Perceval[1].

Pour Erec à la place de Gereint, la cause paraît claire. Erec représente Guerec en construction ; c’est le nom d’un comte de Nantes, fils d’Alain Barbe-Torte, mort en 990, et celui du fondateur de l’État breton du Vannetais au vie siècle, État qui portait son nom : Bro-Weroc, puis Browerec et Bro-erec[2].

La famille de Champagne, comme je le montre plus bas, était apparenté aux princes bretons. Chré-

  1. Dans Perlesvaux on a la curieuse étymologie : perd le val. Si Perceval a été compris de même, ce serait une forme picarde : per(d)ce val au lieu de per(d) le val. Le sens de Peredur est inconnu.
  2. Ferd. Lot, Erec (Romania, XXV, p. 588) ; v. plus bas.