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3° Le fonds de ces romans est-il celtique ?

En dehors de l’école de Foerster dont le plus remarquable tenant est W. Golther, on ne voit plus dans les romans gallois une traduction des romans français. Les différences sont trop considérables pour qu’on puisse s’arrêter à une pareille hypothèse. Une adaptation des romans gallois aux français, dans certains épisodes, serait plus soutenable. Néanmoins, là même où il y a presque identité, à certains traits[1], il est facile de reconnaître que l’auteur gallois ne traduit pas. Il suffit de se reporter aux traductions galloises certaines de romans français, comme Bown o Hamlwn (Beuves de Hampton), Y Greal (Le Graal), pour être fixé sur ce point. Y a-t-il eu adaptation partielle ? L’auteur gallois a-t-il connu Chrétien ?

Il me semble difficile qu’à l’époque de la rédaction en gallois de ces romans, les œuvres de Chrétien aient pu être connues en Galles : Erec a été composé vers 1168 ; Yvain, vers 1173 ; Perceval en 1117-1175[2].

L’épisode du lion, dans Yvain, serait un argument décisif, s’il était prouvé qu’il est de pure origine française, qu’il a été inspiré en France, par l’aventure de Gonfier de la Tour, comme l’a ingénieusement supposé M. Gaidoz[3]. Ce chevalier

  1. Voir par exemple (trad.) dans Peredur, l’épisode du jeu d’échecs.
  2. Gaston Paris, Histoire de la litt. française du moyen âge, éd. de 1890, p. 88 ; Journal des Savants, 1902, p. 304.
  3. Mélusine V, 217-224 ; 241-244 VI 74-75.