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çaise. Il mérite l’attention aussi au point de vue de la composition. C’est le plus considérable des romans purement gallois ; il est même sensiblement plus long qu’aucun des trois romans, notamment qu’Owen et Lunet. Or, malgré quelques incohérences dues au copiste sans doute, il surpasse sûrement en unité de composition Peredur et même les deux autres romans. L’auteur dans le Livre Blanc a mis cette unité parfaitement en relief par son titre même : Comment Kulhwch obtint Olwen. Cette constatation suffit à réduire à néant une théorie très répandue surtout parmi les romanistes, et qui a particulièrement cours au sujet de Tristan : c’est que si les épisodes dans les romans arthuriens sont celtiques, si la matière est bretonne, la mise en œuvre ne l’est pas : la trame des romans serait française et les Français seuls auraient été capables de donner une unité plus ou moins accentuée à des épisodes, on dit volontiers des lais, indépendants les uns des autres. Kulhwch prouve que les Brittons de Galles n’avaient nul besoin d’aller à l’école des conteurs français ou de s’inspirer de modèles français pour arriver à composer des romans d’aussi longue haleine et au moins aussi bien ordonnés.

Les quatre branches du Mabinogi représentent mieux la pure tradition des conteurs indigènes et le type ancien des compositions celtiques. Les quatre morceaux forment pour l’auteur un tout, un seul Mabinogi ; or, le lien qui existe encore entre la bran-