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La liste des saints gallois était interminable. Les dieux ou héros qui ne s’étaient pas trop compromis dans l’Olympe païen ou qu’il eût été inutile ou dangereux de noircir dans l’esprit des populations christianisées, avaient été, en général, convertis et étaient passés au rang des saints. Pour tout abréger, on les avait divisés, semble-t-il, en trois grandes catégories : ils descendent soit de Kaw, soit de Cunedda, soit de Brychan ; notre auteur favorise la famille de Kaw et l’enrichit. Il y introduit entre autres : Dirmye, mépris ; Etmyc, admiration ; Konnyn, roseau ; Mabsant, saint patron ; Llwybyr, sentier ; Kalcas, Chalcas, enfin Neb, quelqu’un ! L’intention satirique ou plaisante est également marquée dans certains noms de l’invention de l’auteur, comme Nerth fils de Kadarn, Force fils de Fort ; Llawr fils d’Erw, Sol fils de Sillon[1] ; Hengroen, Vieille Peau, cheval de Kynnwyl ; dans les noms des chevaux, des femmes, des filles et des fils de Cleddyv Diwlch (plus bas, trad.)[2].

Les mœurs ne sont pas atteintes par la civilisation française du xiie siècle. On sent cependant quelque changement dans la conception que se

  1. On attendrait Kadarn fils de Nerth, et Erw fils de Llawr.
  2. La parodie proprement dite ne se développe que beaucoup plus tard ; cf. J. Loth, Une parodie des Mabinogion, Revue celt. XIX 308.