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LES MABINOGION

de fin bougran blanc et ses brodequins de cordwal noir, avec des fermoirs dorés. Il tenait à la main une grande et lourde épée à lame triangulaire ; la gaine était de peau de daim rouge, avec une bouterolle d’or à l’extrémité. Il se rendit à l’endroit où Arthur et Owein étaient en train de jouer aux échecs, et salua Owein. Owein fut fâché que le salut s’adressât à lui seul ; mais Arthur ne s’en montra pas plus contrarié que la première fois. Le page dit à Owein ; « Est-ce malgré toi que les pages de l’exnpereur Arthur sont en train de piquer les corbeaux et même d’en tuer ? Si c’est malgré toi, prie-le de les arrêter. » — « Seigneur », dit Owein à Arthur, « s’il te plaît, arrête tes gens. » « Joue ton jeu », répondit l’empereur. Le page s’en retourna au pavillon. Ils finirent cette partie et en commencèrent une autre.

Comme ils commençaient à mettre les pièces en mouvement, on aperçut à quelque distance d’eux un pavillon jaune tacheté, le plus grand qu’on eût jamais vu, surmonté d’une image d’aigle en or, dont la tête était ornée d’une pierre précieuse ; on vit en sortir un page à la forte chevelure blonde et frisée, belle et bien ordonnée, au manteau de paile vert, rattaché à l’épaule droite par une agrafe d’or, aussi épaisse que le doigt du milieu d’un guerrier, aux bas de fin Totness, aux souliers de cordwal tacheté, avec des boucles d’or. Il avait l’aspect : noble, le visage blanc, les joues rouges, de grands yeux de faucon. Il tenait à la main une lance à la forte