Il chevauchait au milieu de l’armée. « Iddawc, » dit Ronabwy, « est-ce que l’armée que j’ai là, devant moi fuit ? » — « L’empereur Arthur n’a jamais fui ; si on avait entendu tes paroles, tu serais un homme mort. Ce chevalier que tu vois là-bas, c’est Kei ; c’est le plus beau cavalier de toute l’armée d’Arthur. Les hommes des ailes se précipitent vers le centre pour voir Kei, et ceux du milieu fuient vers les ailes pour ne pas être blessés par le cheval : voilà la cause de tout ce tumulte dans l’armée. »
À ce moment, ils entendirent appeler Kadwr (1), comte de Kernyw ; il se dressa, tenant en main l’épée d’Arthur sur laquelle étaient gravés deux serpents d’or. Lorsqu’on tirait l’épée du l’ouvreau, on voyait comme deux langues de feu sortir de la bouche des serpents ; c’était si saisissant, qu’il était difficile à qui que ce fût de regarder l’épée. Alors l’armée commença à se calmer et le tumulte s’apaisa. Le comte retourna à son pavillon. « Iddawc, » dit Ronabwy, « quel est l’homme qui portait l’épée d’Arthur ? » — « Kadwr, comte de Kernyw, l’homme qui a le privilège de revêtir au roi son armure les jours de combat et de bataille. »
Aussitôt après, ils entendirent appeler Eirinwych Amheibyn, serviteur d’Arthur, homme aux cheveux rouges, rude, à l’aspect désagréable, à la
(1) Kadwr avait élevé Gwenhwyvar, femme d’Arthur (Brut Tysilio, Myv. arch., p. 464, col. 1). Il prend part aux expéditions d’Arthur (vieil armor. Cat-wr).