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broutée par des bouvillons. On avait étendu dessus une sorte de couverture de bure, d’un rouge pâle, dure et usée, percée ; par-dessus la bure, un gros drap tout troué ; sur le drap, un oreiller à moitié vide, dont la couverture était passablement sale. Ils se couchèrent. Après avoir été tourmentés par les puces et la dureté de leur couche, les deux compagnons de Ronabwy tombèrent dans un profond sommeil. Quant à lui, voyant qu’il ne pouvait ni dormir ni reposer, il se dit qu’il souffrirait moins s’il allait s’étendre sur la peau de veau jetée sur le sol. Il s’y endormit en effet.

À l’instant même où le sommeil lui ferma les yeux, il se vit en songe, lui et ses compagnons, traversant la plaine d’Argyngroec (1) ; il lui semblait qu’il avait pour but et objectif Rhyd y Groes (2) sur la Havren. Chemin faisant, il entendit un grand bruit ; jamais il n’en avait entendu qui lui parût plus rapide. Il regarda derrière lui, et aperçut un jeune homme aux cheveux blonds frisés, à la barbe fraîchement rasée, monté sur un cheval jaune, mais qui, à la naissance des jambes par derrière et depuis les

(1) Argyngroec, aujourd’hui Gyngrug, est divisé en deux parties : Gyngrog vawr, dans la paroisse de Pool, et Gyngrog vaeh, dans celle de Guilsfleld ; le tout sur les bords de la Severn, près de Welshpool, comté de Montgomergfl

(2) Rhyd y Groes ou le gué de la croix, un peu plus bas que Borrew ou le confluent de la Rbiw avec la Severn. Le nom de Bhyd y Grues est porté, d’après lady Guest, ou plutôt Gwnlter Mechaín, par une ferme à peu de distance de là, dans la paroisse de Fordun, près Montgomery.