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cependant, d’après ce qui a été dit plus haut, elle leur est probablement antérieure.

Le Songe de Ronabwy, le Songe de Maxen, sont des œuvres d’imagination d’un conteur du xiie siècle, des compositions purement littéraires, qui ne manquent pas d’originalité et témoignent d’un rare talent descriptif, le Songe de Ronabwy surtout. Le héros du récit s’endort, et, en rêve, il est transporté au temps d’Arthur, à son époque la plus brillante, où les héros paraissent avec des proportions surhumaines. Il assiste au défilé des troupes d’Arthur, dont il dépeint l’aspect, l’équipement et la marche avec une incroyable richesse et précision de détails ; le cadre est habilement choisi et l’idée maîtresse véritablement originale. Tout le début est d’un réalisme étrange, empreint de couleur locale, que l’on dirait moderne. Il y a dans ce Songe l’écho de fort anciennes traditions, en particulier dans l’épisode des Corbeaux d’Owen. (V. plus bas, traduction).

L’Aventure de Lludd et Llevelis, par certains traits, par le ton et la conception de l’histoire chez l’auteur, indique pour sa rédaction l’époque de Gaufrei de Monmouth quoiqu’elle ne lui soit pas empruntée. Il est même remarquable que dans l’adaptation galloise de l’Historia, le Brut Tysilio, et sa traduction, le Brut Gruffydd ab Arthur[1] l’aven-

  1. Le manuscrit de Shirburn 18, de la première moitié du xiiie siècle et les manuscrits de la même classe de la version galloise de Gaufrei la donnent, mais elle manque dans le manuscrit de Dingestow Gourt et ceux de sa classe ; or le manuscrit de Dingestow est au commencement du xiiie siècle (Gwenogvryn Evans, The Bruts. Préface, p. XII-XV). On trouve quelques variantes de Shirburn 18 dans l’édition d’Ifor Williams du Cyfranc Lludd a Llevelis. Bangor, 1910.