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les deux oreilles de Twrch Trwyth [1], fils du prince Taredd. Il ne les donnera pas de bon gré ; l’y contraindre, tu ne le pourrais pas. »

  1. La première mention du Twrch Trwyth ou porc Trwyth se trouve dans Nennius LXXIX : en chassant le porc Troit (porcum Terit, var. Troit), le chien d’Arthur, Cabal aurait imprimé la marque de son pied sur une pierre ; Arthur avait fait dresser à cet endroit un carn (amas de pierres) qui porte le nom de CarnCabal ; on peut enlever cette pierre et la transporter à une journée et une nuit de marche, elle retourne toujours au même lieu ; ce carn serait en Buellt, Breconshire. Il n’est pas inutile d’ajou­ter que ce passage n’appartient probablement pas à l’œuvre primitive de Nennius (Cf. A. de La Borderie, Nennius ; Georges. Heeger, Die Trojanersage der Britten, Munich, 1896, p. 21 et suiv.). D’après lady Guest, Carncavall est une montagne du district de Builh, au sud de Rhayader Gwy, Brecon. Il existerait encore sur le sommet de cette montagne une pierre portant une empreinte ressemblant à celle de la patte d’un chien. Elle en donne un dessin (Mab., II, p. 359). Le livre d’Aneurin contient probablement une allusion au Twrch Trwyth (Skene, Four anc. books, II, p. 94). L’histoire du Twrch Trwyth ressemble singulièrement à celle de la truie de Dallweir Dallbenn, Henwen. Henwen était pleine ; or, il était prédit que l’île aurait à souffrir de sa portée. Arthur rassemble ses troupes pour la détruire. Le gardien de la truie, Coll, fils de Collvrewi, a toujours la main dans ses crins partout où elle va. La laie accouche ici d’un grain de froment, là d’un grain d’orge, ailleurs d’un louveteau, et enfin d’un chat que Coll lance dans le détroit de Menei. Les enfants de Paluc recueillirent et élevèrent ce chat qui devint une des trois plaies de Mon (Anglesey) (V. Triades Mab., p. 307, 18 ; Skene, II, p. 458). Twrch est le nom de deux rivières du pays de Galles et d’une commune du Finistère, près Quimper. Tourch, en breton armoricain, a le sens de pourceau mâle. Sur la chasse du Twrch Trwyth, cf. John Rhys, Transactions of the Cymmrod society, 1891-1895, p. 100. Le Twrch Trwyth est l’Orc Treith du Glossaire de Cormac (nom pour un fils de roi, dit Cormac, Triath (nominatif) enim rex vocatur). Pour une chasse semblable, en Irlande, cf. The Rennes Dindshenchas, Revue celtique, XV, p. 474-475. Ferd Lot a rapproché le Twrch Tr. du Blanc Porc de Guingamor et aussi fait remarquer que Henwen signifie Vieille-Blanche (Romania, XXX, p. 14, 590). La forme Trwyth a été influencée par la forme irlandaise ou est due plus probablement à une erreur de scribe. La forme sincère est Trwyt (ou Trwyd) : c’est celle qui se trouve dans Nennius et aussi dans le Livre d’Aneurin (F. a. B., II, p. 94, vers 23). Silvan Evans (ibid., p. 392,393) cite également une forme Trwyd chez Cynddelw, poète de la seconde moitié du XIIe siècle, et une autre chez Llewis Glyn Cothi, poète du XVe siècle.