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Si toi, tu le crois difficile, pour moi c’est chose facile. » ― « Si tu l’obtiens, il y a une chose que tu n’obtiendras pas : le vase de Llwyr fils de Llwyryon qui contient un penllad [1] ; il n’y a pas au monde d’autre vase à pouvoir contenir cette forte liqueur. Il ne te le donnera pas de bon gré ; l’y contraindre, tu ne le pourrais pas. » ― « Si toi, tu le crois difficile, pour moi c’est chose facile. » ― « Si tu l’obtiens, il y a une chose que tu n’obtiendras pas : la corbeille de Gwyddneu Garanhir [2] ; le monde entier se présenterait par groupes de trois fois neuf hommes, que chacun y trouverait à manger suivant sa fantaisie ; je veux en manger la nuit où ma fille couchera avec toi. Il ne te la donnera pas de bon gré ; l’y contraindre, tu ne le pourrais pas. » ― « Si toi, tu le crois difficile, pour moi c’est chose facile. » ― « Si tu l’obtiens, il y a une chose que tu n’obtiendras pas : la corrne

  1. Le penllad, qui a aussi le sens de souverain bien, source de bénédictions, parait avoir ici un sens plus matériel ; d’après Davies. c’est une mesure de deux llad, mesure équivalant à douze boisseaux d’avoine. Le penllad vaudrait donc vingt-quatre boisseaux (v. notes critiques). Le mot Kib (du latin cupa), vase, coupe, a dans les Lois le sens propre de demi-boisseau ou mesure de quatre gallons (le gallon vaut 4 litres 54 ).
  2. D’après un manuscrit déjà cité sur les treize joyaux de l’île de Bretagne, le panier de Gwyddno avait cette propriété que si on y mettait a nourriture d’un homme, lorsqu’on le rouvrait, il présentait la nourriture de cent (lady Guest, Mab.,II, p.354). Gwyddno est un personnage célèbre. Seithynin l’ivrogne, roi de Dyvet, dans un jour d’ivresse, lâcha la mer sur les Etats de Gwyddno Garanhir, c’est-à-dire sur Cantrev y Gwaelod (gwaelod, « le bas, le fond » ) (Myv. arch., p. 409, 37). Le Livre noir donne un curieux dialogue entre lui et le dieu Gwynn ab Nudd (Skene, Four anc. books, II, p. 54, XXXIII ; cf. Myv. arch., p. 299, col. 1, allusions à Gwyddneu ; sur l’inondation de ses Etats, v. Livre noir, p. 59, XXXVIII) ; Cf. J. Loth, La légende de Maes Gwyddneu, Revue celt., XXIV, 349). On met les Etats de Gwyddno sur l’emplacement de la baie actuelle de Cardigan.