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Ils se levèrent pour sortir ; Yspaddaden Penkawr saisit un des trois javelots [1] empoisonnés qui étaient à portée de sa main et le lança après eux. Bedwyr le saisit au passage, lui renvoya le tout instantanément, et lui traversa la rotule du genou : « Maudit, barbare gendre ! Je m’en ressentirai toute ma vie en marchant sur une pente. Ce fer empoisonné m’a fait souffrir comme la morsure du taon. Maudit

  1. Le mot propre est llechwaew, qui est répété à trois reprises. Il est difficile de supposer une erreur du scribe pour lluchwaew, « lance de jet, javelot. » Llech signifie pierre plate. Or, tout justement, il existait en Irlande une arme de ce genre, et portant à peu près le même nom : lia laimhe ou pierre plate de main. Elle est décrite dans un poème irlandais avec la plus grande précision : c’était une pierre qui allait en se rétrécissant, plate et très aiguë ; elle se cachait souvent dans le creux du bouclier (O’Curry, On the manners, II, p. 287, 263, 261 ; I, p. 338, §456). Le souvenir de cette arme préhistorique est conservé peut-être dans des noms propres armoricains, en Maen, « pierre » : Maen-uuethen, « qui combat avec la pierre ; Maen-finit, « qui lance la pierre ; » Maen-uuoret, « qui défend avec la pierre » ; Maen-uuolou, « pierre brillante », etc., (Cart. de Redon). Quant aux armes empoisonnées, il en est souvent fait mention dans les poèmes irlandais (O’Curry, On the manners, III, p. 131). Le mot llechwaew se retrouve une seule fois en dehors de Kulhwch et Olwen dans les Mabinogion, dans le roman de Peredur ab Evrawc.