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conviendrait bien : c’est celle du roi Doged [1]. » Ils décidèrent d’aller la prendre. Ils tuèrent le roi, enlevèrent sa femme et sa fille unique et s’emparèrent de ses Etats.

Un jour, la dame alla se promener. Elle se rendit à la ville chez une vieille sorcière [2] à qui il ne restait plus une dent dans la bouche : « Vieille, » lui dit-elle, « veux-tu me dire, au nom de Dieu, ce que je vais te demander ? Où sont les enfants de celui qui m’a enlevée par violence ? » ― « Il n’en a pas, » dit la vieille.

- »Que je suis malheureuse, » s’écria la reine, « d’être tombée entre les mains d’un homme sans enfants ! » ― « Inutile de gémir, » repartit la vieille : « il est prédit qu’il aura un héritier de toi, quand même il n’en aurait pas d’une autre. D’ailleurs, console-toi : il a un fils. » La princesse retourna joyeuse à la maison, et dit à son mari : « Pourquoi caches-tu tes enfants de moi ? » ― « Je ne le ferai pas plus longtemps, [3] » dit le roi. On envoya chercher le fils et on l’amena à la cour. Sa belle-mère lui dit : « Tu ferais bien de prendre une femme. J’ai justement une fille qui conviendrait à n’importe quel noble au monde. » [4] D’après Rees, Welsh Saints, p. 209 (voy. Lady Guest, Mab., II, p.320), il y aurait eu un roi Doged, fils de Cedig ab Ceredig ab Cunedda Wledig, frère de l’évêque Avan, fondateur de Llan-Avan en Breconshire. Il a été mis au nombre des saints, et a donné son nom à Llan-Ddoged, dans le Denbighshire. Il aurait vécu de 500 à 542.

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  2. Vieille sorcière dans le sens figuré du mot (cf. vieille fée). Le mot breton groac’h a tous les sens du gallois gwrach.
  3. Tout ce passage se trouve dans la version galloise des Sept Sages de Rome des Selections from Hengwrt mss. II, p. 301, v. J. Loth, Revue Celtique, XXIII, p. 349.
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