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mari et lui dit : « Je mourrai de cette maladie, et tu voudras une autre femme. Or, les femmes sont maintenant les arbitres des largesses. Ce serait cependant mal à toi que de ruiner ton fils ; aussi je te demande de ne pas te remarier que tu n’aies vu une ronce à deux têtes sur ma tombe. » Il le lui promit. Elle appela alors son précepteur [1] et lui demanda de nettoyer complètement sa tombe tous les ans de façon que rien ne pût croître dessus.

La reine mourut. Le roi envoya chaque jour un serviteur pour voir s’il poussait quelque chose sur la tombe. Au bout de sept ans, le précepteur négligea ce qu’il avait promis de faire. Un jour de chasse, le roi se rendit au cimetière ; il voulait voir la tombe lui-même parce qu’il songeait à se remarier la ronce avait poussé dessus ! Aussitôt, il tint conseil pour savoir où il trouverait une femme. Un de ses conseillers lui dit :


[2] Athraw ou Athro. La coutume chez les anciens Gallois était d’avoir un athraw pour la famille : « Il y a trois choses qu’un Gallois, possesseur de terres, doit garder et entretenir : une femme légitime, un homme armé, s’il ne peut lui-même porter les armes et un professeur domestique » (Athraw leuluaidd. Ancient laws, II, p. 514, 31). Le bardd remplissait souvent ce rôle ; c’était lui, en particulier, qui tenait les généalogies. Athro désigne peut-être ici le confesseur, ou plutôt un de ces clercs familiers qui, en France au XIIIe, cumulaient, sous le nom de latiniers, les fonctions d’interprète, de rédacteur et de chapelain (V. Lecoy de la Marche, La Société au XIIIe siècle, p.191). « Je sais une femme qui te

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