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lui sur-le-champ et approuva son projet. Immédiatement des navires furent équipés et remplis de chevaliers armés, et Llevelys partit pour la France. Aussitôt débarqués, ils envoyèrent des messagers aux nobles de France pour leur exposer l’objet de leur expédition. Après délibération, d’un commun accord, les nobles et les chefs du pays donnèrent à Llevelys la jeune fille avec la couronne de France. Il ne cessa depuis de gouverner ses Etats avec prudence, sagesse et bonheur jusqu’à la fin de sa vie. Un certain temps s’était déjà écoulé lorsque trois fléaux s’abattirent sur l’île de Bretagne, tels qu’on n’en avait jamais vu de pareils [1]. Le premier était une race particulière qu’on appelait les Corannieit :

  1. Ces trois fléaux sont souvent mentionnés dans les Triades. Parmi les trois bonnes cachettes figurent les dragons cachés par Lludd, fils de Beli, à Dinas Emreis ou Dinas Pharaon dans les monts Eryri (Triades Mab., 300, 9 ; Skene, II, app. 464 ; Myv. arch. , 406, 53. V. la note à Bran, plus haut, p. 119). Parmi les trois gormes ou oppressions d’envahisseurs, figure celle des Corannieit ; contrairement à notre récit, d’après deux triades, ils restent dans l’île (Myv. arch. , p. 391, 41). D’après la deuxième (Myv. arch., p. 401, 7), ils viennent du pays de Pwyl ( ?) et s’établissent sur les bords de l’Humber et de la mer du Nord ; ils se fondent avec les Saxons. La série de Triades à laquelle celle-ci appartient mentionne également trois usurpations ou fléaux étrangers, qui disparaissent, mais les Corannieit sont remplacés par March Malaen ou le fléau du premier de mai ; le second est le dragon de Bretagne ; le troisième, l’homme à la magie ou aux transformations magiques (Myv. arch., p. 401, 11). Pour les dragons, leur combat rappelle celui des dragons de Nennius, dont Gaufrei s’est visiblement inspiré (Nennius, hist., XL-XLV) ; voyez plus bas. Les Iolo mss. font chasser les Coranieid par Greidiawl Gallovydd : une partie s’en serait allée en Alban (Écosse), l’autre en Irlande (p. 263, 13).