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à travers la mer et les flots. Il conquit l’île sur Beli, fils de Manogan, et sur ses fils, et les força à prendre la mer ; pour lui, il s’avança jusqu’en Arvon. L’empereur reconnut le pays en le voyant. En apercevant le fort d’Aber Sein : « Voilà, » dit-il, « le fort où j’ai vu la femme que j’aime le plus. » Il marcha droit au fort et à la salle [1]. Il y vit Kynan [2], fils d’Eudav, et Adeon, fils d’Eudav, jouant aux échecs ; Eudav, fils de Karadawc, assis dans une chaire d’ivoire, en train de tailler les cavaliers du jeu d’échecs. La pucelle qu’il avait vue en songe était assise dans une chaire d’or. « Impératrice de Rome, » dit-il, « salut ! » L’empereur lui jeta les bras autour du cou, et, cette nuit-là même, il coucha avec elle.

Le lendemain, la jeune fille lui demanda son présent conjugal (Agweddi) [3] en retour de sa virginité. Il lui demanda ce qu’elle désirait. Elle demanda l’île de Bretagne pour son père depuis la mer Rudd (la Manche) <ref> Mor Rudd, habituellement mor Udd, la Manche :O for ud hyd

  1. Comme dans les romans français, dans les Mabinogion, la salle est destinée aux réunions, aux réceptions publiques ; la chambre ou ystavell à la vie intime (V. Paulin Paris, Les Romans de la table ronde, V, 61).
  2. Kynan, armor. Cunan, Conan, v. la note à Maxen. p. 211. Les chroniqueurs gallois n’ont pas manqué de faire d’Eudav, Octavius, ce qui est phonétiquement et de tous points impossible.
  3. Agweddi n’a pas ordinairement ce sens ; il a plutôt le sens de dot (Ancient laws, I, p. 223, 73 ; 254, 1.6 ; dans les Leges wallicae le mot est glosé par dos, Ancient laws, II, p. 791, 41). V. la note 2 à la page 127, et le Mab. de Kulhwch.