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Les messagers se mirent à errer à travers le monde et à chercher des nouvelles de la jeune fille pendant toute une année. Quand ils revinrent au bout de l’année, ils ne savaient rien de plus que le jour où ils étaient partis. L’empereur s’attrista en pensant que, vraisemblablement, il n’aurait jamais de nouvelles de la femme qu’il aimait le plus. Le roi de Romani dit alors à l’empereur : « Seigneur, va chasser dans la direction où il t’a semblé aller ; vois si c’est à l’orient ou à l’occident. » L’empereur partit pour la chasse et arriva sur les bords de la rivière. « Voici, » dit-il, « où j’étais quand j’eus cette vision. Je marchais en remontant la rivière vers l’occident. » Aussitôt treize hommes se mirent en route comme messagers de l’empereur.

Devant eux, ils aperçurent une grande montagne qui leur semblait s’élever jusqu’au ciel. Voici dans quel attirail marchaient les messagers chacun d’eux portait sur sa cape, par devant, une manche [1], comme insigne d’ambassadeurs, pour qu’on ne les inquiétât pas dans les pays en guerre qu’ils auraient à traverser. Après avoir franchi cette montagne, ils eurent devant les yeux de grandes contrées au terrain uni, traversées par de grands fleuves. « Voilà, » dirent-ils, « le pays qu’a traversé notre seigneur. » [2] La manche, à cette époque, était cette longue bande de soie qui pendait en écharpe au bras des dames de haut rang. Lancelot, dans le roman qui porte son nom, attache la manche de la reine sur son heaume en forme d’aigrette (Paulin Paris, Les Romans de la Table ronde, V, p. 334).

  1. Eryri, nom que l’on donne aujourd’hui encore à la chaîne de montagnes dont la plus haut sommet est connu sous le nom anglais de Snowdon, en gallois, Y Wyddva, « tumulus funéraire ou endroit en vue. » Ce nom Eryri se trouve, pour la première fois, dans Nennius (In montibus Heriri, id est, Snaudun anglice Hist., XLI).
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