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gemmes [1] y alternaient, sans parler des pierres impériales. Leurs pieds étaient chaussés de brodequins de cordwal neuf, fermés par des lames d’or rouge. Au pied,d’une des colonnes, un homme aux cheveux blancs était assis dans une chaire [2] d’os d’éléphant ornée de deux aigles d’or rouge. Il portait aux bras des bracelets d’or, aux doigts de nombreuses bagues, au cou un collier d’or ; un bandeau d’or retenait ses cheveux : son air était imposant. Il avait devant lui un échiquier d’or avec ses cavaliers ; il tenait à la main une verge d’or et des haches d’acier avec lesquelles il taillait les cavaliers du jeu d’échecs. En face de lui était assise une jeune fille dans une chaire d’or rouge. Elle était si belle qu’il n’était pas plus facile de la regarder que le soleil dans tout son éclat. Elle portait des chemises de soie blanche fermées sur la poitrine par des agrafes d’or rouge, un surcot [3]

  1. Gem désigne ici une pierre précieuse blanche, par opposition à rhud em, gemme rouge, rubis. Le ms. Pen. 16 porte rudem a gwen em, gemme rouge et gemme blanche.
  2. Pris dans le sens qu’il avait au moyen-âge de chaise avec bras.
  3. Avant le xiiie siècle, la chemise ou chainse est une tunique de dessous ; celle de dessus s’appelait bliaud ; mais, au xiiie siècle, la chainse devient une véritable chemise. Elle a pour équivalent une première robe appelée cotte ; la robe de dessus s’appelle surcot (Quicherat, Le costume en France, pages 138, 180). Le surcot était aussi un vêtement qu’on passait sur la robe quand on voulait sortir de chez soi. Le surcot ouvert remplaçait, pour le repas, nos serviettes ; on le passait sur la tunique avant de s’asseoir à table et de se laver. Il était ordinairement fourni par le maître de la maison (Paulin Paris, Les Romans de la Table ronde, IV, page 214). Surcot a ici le premier sens, celui de robe de dessus.