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et, entre l’île et lui un pays dont la plaine était aussi longue que la mer qui le bordait ; la montagne s’étendait autant que les bois. De la montagne il voyait une rivière traverser le pays et se diriger vers la mer. À son embouchure était une grande forteresse, la plus belle qu’on eût jamais vue. La porte était ouverte ; il entra. Il y aperçut une belle salle. Le toit lui parut être en or, les murs, formant cercle, en pierres précieuses étincelantes, les portes tout entières en or massif. Il aperçut des couches [1] dorées et des tables d’argent. Sur la couche, en face de lui, étaient deux jeunes gens bruns jouant aux échecs [2].

L’échiquier était en argent et les cavaliers en or ; les jeunes gens était vêtus de paile tout noir ; leur chevelure étaient retenue par des bandeaux d’or rouge, rehaussés de pierres précieuses étincelantes ; les rubis et les

  1. Couche, dans le sens qu’on lui attribuait au moyen âge ; ce mot désigne quelque chose comme un divan ou canapé (Paulin Paris, Les Romans de la Table ronde, IV, app.)
  2. Gwyddbwyll, intelligence de bois ou bois intelligent. C’est un jeu celtique, ressemblant beaucoup à nos échecs avec lesquels on aurait cependant tort de le confondre. Ce jeu est mentionné parmi les vingt-quatre exercices des Cymry (Myv. arch., p. 872). Chez les Irlandais, c’était aussi un jeu national (O’Curry, On the manners, II, 359 ; III, 165, 360, 366). Les échecs ont été connus en France aussi de bonne heure. On a un jeu d’échecs d’ivoire du temps de Charlemagne et qui passe même pour lui avoir appartenu (Viollet-le-Duc, Dict. raisonné du mob. français, II, p. 462). Le jeu d’échecs faisait partie de l’enseignement chez les anciens Irlandais (O’Curry, On the manners, II, p. 79). Sur l’importance de ce jeu cf. J. Loth, Le sort et l’écriture chez les Celtes. (Journal des savants, septembre 1911.)