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répondit-il, « j’en atteste Dieu. Voici le moins que je puisse accepter de lui : il se rendra à l’endroit où je me trouvais quand il me donna le coup de lance, tandis que moi je serai à la même place que lui, et il me laissera le frapper d’un coup de lance. C’est la moindre satisfaction que je puisse accepter. » On en informa Gronw Pebyr. « Eh bien, » dit-il, « je suis bien forcé de le faire. Nobles fidèles, gens de ma famille, mes frères de lait, y a-t-il quelqu’un de vous qui veuille recevoir le coup à ma place ? » ― « Non pas, » répondirent-ils. C’est à cause de cela, parce ce qu’ils ont refusé de souffrir un coup à la place de leur seigneur, qu’on n’a cessé de les appeler depuis, la troisième famille déloyale [1].

  1. Les trois principales familles ou tribus déloyales de l’île de Bretagne sont : la famille de Gronw Pevyr de Penllynn, dont les hommes refusèrent à leur seigneur de le remplacer en face de la lance empoisonnée de Lleu Llawgyffes ; la tribu de Gwrgi et de Peredur, qui abandonna ses seigneurs à Kaer Greu, lorsqu’ils avaient rendez-vous de combat le lendemain avec Edin Glingawr (ou au genou de géant) : ils furent tués tous deux ; la troisième, la tribu d’Alan Fergan, qui abandonna en secret son seigneur sur la route de Camlan ; le nombre des combattants de chaque famille était de cent vingt hommes (Triades Mab., p. 305, I. 13). Les Triades de Skene (I1, p. 361) mentionnent que Lleu se trouvait à Lechorenwy, ou la pierre de Goronwy, à Blaenn Kynvael, ou au sommet, vers la source de la Cynvael. On y lit aussi Alan Fyrgan ; les Triades de Rhys-Evans ont Ar lan Fergan. faute évidente du scribe pour Alan Fergan. Dans le mabinogi de Kulhwch, il est fait mention d’un Isperyn, fils de Fergan, roi du Llydaw ou Bretagne armoricaine. Alain Fergant ou Fergent est Alain VI, qui régna en Bretagne de 1101 à 1119. Parmi les Alan de Bretagne, les plus célèbres sont Alain le Grand (877-907) et Alain Barbe-Torte, qui revint de Grande-Bretagne pour écraser définitivement les Normands (937-952). Sur le dévouement au chef de clan, v. J. Loth, Le drame moral de Tristan et Iseut. (Revue celt., XXX, p. 280 et suiv.)