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plus mouiller, n’a pas amolli, qui a supporté cent quatre-vingts tempêtes : à son sommet est Lleu Llaw Gyffes.

L’aigle se laissa aller jusque sur la branche la plus basse de l’arbre. Gwydyon chanta un troisième englyn :

Chêne qui pousse sur la pente… si je ne me trompe, Lleu viendra
dans mon giron.

L’aigle se laissa tomber sur les genoux de Gwydyon. D’un coup de sa baguette enchantée, Gwydyon lui rendit sa forme naturelle. On n’avait jamais vu quelqu’un présentant plus triste aspect : il n’avait que la peau et les os.

Gwydyon se rendit avec lui à Kaer Dathyl. On amena, pour le soigner, tout ce qu’on put trouver de bons médecins en Gwynedd. Avant la fin de l’année, il était complètement rétabli. « Seigneur, » dit-il alors à Math, fils de Mathonwy, « il est temps que j’aie satisfaction de l’homme dont j’ai eu souffrance. » ― « Assurément, » répondit Math, « il ne peut se maintenir sans te rendre satisfaction. » ― « Le plus tôt que j’obtiendrai satisfaction sera le mieux pour moi. »

Ils rassemblèrent toutes les troupes de Gwynedd et marchèrent sur Ardudwy. Gwydyon, qui était à leur tête, se dirigea sur Mur y Castell. Blodeuwedd, à la nouvelle de leur approche, pris ses suivantes avec elle, et se dirigea, à travers la rivière Kynvael, vers une cour située sur la montagne. Leur terreur était telle qu’elles ne pouvaient marcher qu’en