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adressa la parole une fois, puis une seconde, sans obtenir de réponse. « Qu’as-tu, » lui dit-il, « tu n’es pas bien ? » ― « Je réfléchis, » répondit-elle, « à une chose qui ne te viendrait jamais à l’esprit à mon sujet : je suis soucieuse en pensant à ta mort au cas où tu t’en irais avant moi. » ― « Dieu te récompense de ta sollicitude ; mais si Dieu lui-même ne s’en mêle, il n’est pas facile de me tuer. » – « Voudrais-tu, pour l’amour de Dieu et de moi, m’indiquer de quelle façon on pourrait te tuer ? car, pour ce qui est des précautions, j’ai meilleure mémoire que toi. » ― « Volontiers. Il n’est pas facile de me tuer en me frappant : il faudrait passer une année à faire le javelot dont on se servirait et n’y travailler que pendant la messe le dimanche. » ― « Est-ce sûr ? » ― « Bien sûr. On ne peut me tuer dans une maison, on ne le peut dehors ; on ne peut me tuer, si je suis à cheval ; on ne le peut, si je suis à pied. » ― « Eh bien, de quelle façon peut-on donc te tuer ? » ― « je vais te le dire : il faut me préparer un bain sur le bord d’une rivière, établir au-dessus de la cuve une claie voûtée, et ensuite la couvrir hermétiquement, amener un bouc, le placer à côté de la cuve ; il faudrait que je misse un pied sur le dos du bouc et l’autre sur le bord de la cuve quiconque m’atteindrait dans ces conditions, me donnerait la mort. » ― « J’en rends grâces à Dieu, c’est là une chose facile à éviter. » Elle n’eut pas plutôt obtenu la révélation qu’elle la fit parvenir à Gronw Pebyr. Gronw s’occupa de