Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/199

Cette page n’a pas encore été corrigée

dre flotte. » ― « Que signifiait donc toute cette levée ? » ― « C’était pour rompre le sort que tu as jeté sur ce jeune homme et lui procurer des armes, et il en a eu sans que tu aies droit à des remerciements. »

― « Par moi et Dieu, tu es méchant homme. Il se pourrait que bien des jeunes gens perdissent la vie à cause de la levée que tu as occasionnée dans ce cantrev aujourd’hui. Je jure que ce jeune homme aura pour destinée de n’avoir jamais une femme de la race qui peuple cette terre en ce moment. » ― « En vérité, » dit-il, « tu as toujours été une femme de rien, que personne ne devrait soutenir. Il aura une femme quand même. » Ils se rendirent auprès de Math, fils de Mathonwy, et se plaignirent d’Aranrot avec la plus grande insistance. Gwydyon lui apprit comment il avait procuré une armure au jeune homme. « Eh bien, » dit Math, « cherchons, au moyen de notre magie et de nos charmes à tous les deux, à lui faire sortir une femme des fleurs. » Il avait alors la stature d’un homme et c’était bien le jeune homme le plus accompli qu’on eût jamais vu. Ils réunirent alors les fleurs du chêne, celles du genêt et de la reine des prés, et, par leurs charmes, ils en formèrent la pucelle la plus belle et la plus parfaite du monde. On la baptisa suivant les rites d’alors et on la nomma Blodeuwedd [1]. Lorsqu’ils eurent couché ensemble, pendant le

  1. Blodeuwedd, v. la note à la page 208