Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/195

Cette page n’a pas encore été corrigée

dit-elle, « que ceux-ci ne me vont pas non plus. » On lui rapporta ces paroles. « Eh bien, » s’écria-t-il, « je ne lui ferai pas de souliers avant d’avoir vu son pied. » On alla le lui dire. « Eh bien, » s’écria-t-elle, « je vais aller jusqu’à lui. » Elle se rendit au navire : il était en train de tailler et le jeune garçon de coudre. « Princesse, » dit-il, « bonjour à toi. » ― « Dieu te donne bien, » répondit-elle. « Je suis étonnée que tu ne puisses arriver à me faire des souliers sur mesure. » ― « C’est vrai, mais je le pourrai maintenant. » À ce moment, un roitelet se dressa sur le pont du navire. L’enfant lui lança un coup et l’atteignit entre le nerf de la jambe et l’os. Elle se mit à rire. « En vérité, » s’écria-t-elle, « c’est d’une main bien sûre que le lleu [1] l’a atteint. » ― « Eh bien, » dit Gwy-

  1. Lleu Llaw Gyffes. Il n’y a pas à hésiter à rétablir Lleu au lieu de Llew. Dans l’englyn de la p. 130 (v. notes critiques à la page 78 I.30 du Livre Rouge), la rime suffirait à le démontrer. On en trouvera d’autres preuves aux notes critiques de la page 71, I. 5. Le scribe du Livre Rouge copiait un manuscrit où eu représentait ew, eu et ev. De même le scribe de Peniarth 4. Ce dernier a été moins logique ; il donne Lleu dans le titre et même dans l’exclamation d’Arianrod : Lleu. Ailleurs il a Llew, mais le caractère qu’il emploie a eu, à une certaine époque, par exemple dans les Privilèges de Llandav, la double valeur u et w. Le sens s’oppose aussi à l’interprétation llew, lion. Il faudrait au moins un qualificatif. Quel est ici le sens de lleu ? Le seul sens connu est brillant, lumière (en composition dans go-leu). Il ne peut être juste ici. On pourrait peut-être songer à l’irlandais moyen , petit (Arch. für celt. Lexic., p. 791 :  : gach mbecc (tout ce qui est petit) ; id. p. 771. Pour l’identité de û final irlandais et eu gallois, cf. cnû, noix, gall. cneu ; crû, sang, gall. creu. C’est un des trois eurgrydd ou cordonniers orfèvres (v. plus haut la note à Gwydyon). C’est aussi un des trois ruddvoawc ou ruddvaawc, ainsi nommés parce que là où ils passaient, pendant une année entière, il ne poussait ni herbe ni plante ; les deux autres étaient Run, fils de Beli, et Morgan Mwynvawr (sur Run Ruddvoawg, cf. Myv. arch., p. 221, col. 1, XIII) ; Arthur l’était encore plus qu’eux : rien ne poussait après lui pendant sept ans (Triades Mab., 303, 5 ; cf. Skene, II, app., p. 458 : ici Llew est supprimé et remplacé par Arthur). Le Livre Noir mentionne sa tombe : « La tombe de Llew Llawgyffes est sous un havre (ou lieu protégé près de la mer), là où a été son intime… (y gywnes." pour cyvnes cf. irl. comnessam) : c’était un homme qui ne donna jamais justice à personne (Skene, II, p. 31, 23).