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plir ma mission auprès de toi que moi-même ? » ― « Oh ! non, » répondit-il ; « c’est une langue pleine de ressources que la tienne. » ― « Voici quelle est ma mission, seigneur : j’ai à te demander les animaux qui t’ont été envoyés d’Annwvyn. » ― « Ce serait la chose du monde la plus facile sans la convention qui existe à leur sujet entre le pays et moi ; il est convenu que je ne m’en dessaisirai pas avant que leur nombre ici n’ait doublé. » ― « Je puis, seigneur, te libérer de ta parole. Voici comment : ne me les donne pas ce soir, mais ne me les refuse pas non plus. Demain, je te proposerai des objets d’échange à leur place. » Cette nuit même, Gwydyon et ses compagnons se rendirent à leur logis pour se concerter. « Hommes, » dit-il, « nous n’obtiendrons point les porcs en les demandant. » ― « Assurément, » répondirent-ils. « Par quel artifice pourrons-nous les avoir ? » ― « J’y arriverai, » dit Gwydyon.

Il eut recours alors à ses artifices et commença à montrer sa puissance magique. Il fit apparaître douze étalons, douze chiens de chasse noirs ayant chacun le poitrail blanc, avec leurs douze colliers et leurs douze laisses que tout le monde eût pris pour de l’or. Les douze chevaux portaient douze selles, et partout le fer était remplacé par de l’or ; les brides étaient en rapport avec les selles. Il se rendit auprès de Pryderi avec les chevaux et les chiens. « Bonjour à toi, seigneur, » dit-il. ― « Dieu te donne bien, » répondit, Pryderi ; « sois le bienve-