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Ils entrèrent sous l’aspect de bardes. On leur fit bon visage. Ce soir-là, Gwydyon fut placé à côté de Pryderi. « Nous serions heureux, » dit Pryderi, « d’entendre un récit de ces jeunes gens là-bas. » ― « Notre coutume, » répondit Gwydyon, « le premier soir que nous nous rendons auprès d’un personnage important, c’est que le Pennkerdd[1] prenne la parole. Je te raconterai volontiers une histoire. » Gwydyon était le meilleur conteur qu’il y eût au monde. Cette nuit-là, il amusa si bien la cour par des discours récréatifs et des récits que tout le monde fut charmé de lui et que Pryderi prit plaisir à causer avec lui. En finissant, Gwydyon dit : « Seigneur, quelqu’un pourrait-il mieux rem-

  1. Penkerdd, « chef du chant ou des musiciens. » Le pencerdd est, à l’époque où les lois de Gwynedd et de Dyved ont été écrites, le même personnage que le barde à chaire ; cela est dit expressément dans les lois de Dyved (Ancient laws, I, p. 382, 9). Le huitième personnage de la cour est le barde de la famille. Il a sa terre libre, son cheval aux frais du roi, son habit de toile de la reine et son habit de laine du roi. Il s’assied auprès du Penteulu, ou chef de la maison royale, aux trois principales fêtes de l’année et celui-ci lui met la harpe en main. Quand on désire de la musique, c’est au barde à chaire ou au chef des bardes, comme dans notre mabinogi, à commencer. Il a droit à une vache et à un bœuf sur le butin fait par le clan dans une contrée voisine, après que le tiers a été donné au roi ; pendant le partage des dépouilles, il chante Unbeynyaeth Prydyn, « monarchie de Bretagne. » Sa valeur est de 123 vaches (Ancient laws, I, p. 33-34).