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tout avait disparu, maison, bétail, fumée, hommes, demeures ; il ne restait que les maisons de la cour, vides, sans aucune créature humaine, sans un animal. Leurs compagnons mêmes avaient disparu sans laisser de traces ; ils ne restaient qu’eux quatre. « Oh ! Seigneur Dieu ! » s’écria Manawyddan, « où sont les gens de la cour ? Où sont tous nos autres compagnons ? Allons voir. » Ils se rendirent à la salle personne ; à la chambre et au dortoir : personne ; à la cave à l’hydromel, à la cuisine : tout était désert. Ils se mirent tous les quatre à continuer le festin, à chasser, à prendre leur plaisir. Chacun d’eux parcourut le pays et les domaines pour voir s’ils trouveraient des maisons et des endroits habités, mais ils n’aperçurent, rien que des animaux sauvages. Le festin et les provisions épuisés, ils commencèrent à se nourrir de gibier, de poisson, de miel sauvage. Ils passèrent ainsi joyeusement une première année, puis une deuxième, mais à la fin la nourriture commença à manquer. « Nous ne pouvons en vérité, » dit Manawyddan, « rester ainsi. Allons en Lloegyr et cherchons un métier qui nous permettre de vivre. »

Ils se rendirent en Lloegyr et s’arrêtèrent à Henffordd (Hereford). Ils se donnèrent comme selliers. Manawyddan se mit à façonner des arçons et à les colorer en bleu émaillé comme il l’avait vu faire à Llasar Llaesgygwyd. Il fabriqua comme lui l’émail bleu, qu’on a appelé calch lasar [1] du nom de son

  1. 'Calch lasar, émail. Calch signifie chaux, du latin calx, calcis. et aussi haubert (v. notes cric. ; cf. Myv. arch., p. 161, col. 2 ; 167, col. 2). L’étymologie donnée à lasar est une pure fantaisie.