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vinrent leur chanter certain chant auprès duquel étaient sans charme tous ceux qu’ils avaient entendus. Les oiseaux se tenaient au loin au-dessus de flots et ils les voyaient cependant aussi distinctement que s’ils avaient été avec eux. Ce repas dura sept ans ; au bout de la septième année, ils partirent pour Gwales [1] en Penvro. Ils y trouvèrent un endroit agréable, royal au-dessus des flots, et une grande salle. Deux des portes étaient ouvertes, mais la troisième étaient fermée, celle qui donnait sur Kernyw « Voilà, » dit Manawyddan, « la porte que nous ne devons pas ouvrir. » Ils y passèrent la nuit et au milieu de l’abondance et de la gaieté. Quoi qu’ils eussent vu de souffrances, quoi qu’ils en eussent éprouvé eux-mêmes, ils ne se rappelèrent rien, non plus qu’aucun chagrin au monde. Ils y passèrent quatre-vingt années de telle sorte qu’ils ne se rappelaient pas avoir eu un meilleur temps ni plus agréable dans toute leur vie. Ils n’étaient pas plus fatigués ; aucun d’eux ne s’apercevait que l’autre fût plus vieux de tout ce temps qu’au moment où ils étaient venus.

  1. Ce nom de Gwales représente l’anglo-saxon Wealas, Wales, nom sous lequel les Saxons désignaient les Bretons avec lesquels ils étaient en lutte. Les Germains ont appliqué en général cette dénomination à toutes les peuplades soumises à l’empire romain. Elle dérive de Volca, nom d’une population gauloise qui semble avoir joué un rôle très important dans les rapports des Celtes avec les Germains (Vieux-haut all., Walah = Volca) ; de Wales nous avons fait Galles (V. d’Arbois de Jubainville, Cours de littérature celtique, I. p. 11, d’après Gaston Paris). Ici Gwales désigne Gresholm (v. plus haut, note à Gwales).