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et il n’y a pas de pont dessus. Quel est ton avis pour un pont ? » ― « Je n’en vois pas d’autre que celui-ci : Que celui qui est chef soit pont [1]. C’est moi qui serai le pont. » C’est alors, pour la première fois, que ce propos fut tenu, et aujourd’hui encore il sert de proverbe. Il se coucha par-dessus la rivière ; on jeta des claies sur lui, et les troupes traversèrent sur son corps. Au moment où il se relevait, les messagers de Matholwch vinrent le saluer et le complimenter de la part de leur maître, son parent par alliance, en l’assurant qu’il n’avait pas démérité de lui, en ce qui dépendait de sa volonté. « Matholwch, » ajoutèrent-ils, « donne le royaume d’Iwerddon à Gwern ton neveu, le fils de ta sœur ; il le lui offre en ta présence, en réparation du tort et des vexations qui ont été faites à Branwen ; tu pourvoiras à l’entretien de Matholwch où tu voudras, ici ou dans l’île des Forts. » « Si je ne puis moi-même, » répondit Bendigeit Vran, « m’emparer du royaume, il se peut que je délibère au sujet de vos propositions. Avant de m’avoir apporté d’autres propositions, ne cherchez pas à obtenir de moi une réponse. » ― « La réponse la plus satisfaisante que nous recevrons, nous te l’ap-

  1. Ce proverbe se trouve encore dans tous les recueils de proverbes gallois (A vo pen bid pont, Myv. arch., p 839, col. 1). Il y a trace d’une croyance semblable dans la littérature boudhique de l’Inde. Un chef de singes sauva sa troupe en lui faisant de son corps un pont (Henri Kern, Aus des Ind. und der Kelt. Sagenwelt, Rev celt., 1896, p, 295).