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répondit-elle, « les hommes de l’île des Forts qui traversent l’eau pour venir ici après avoir appris mes souffrances et mon déshonneur. » ― « Qu’est-ce que ce bois qu’on a vu sur les flots ? » ― « Ce sont des vergues et des mâts de navires. » ― « Oh ! » dirent-ils, « et la montagne que l’on voyait à côté des navires ? » ― « C’est Bendigeit Vran, mon frère, marchant à gué. Il n’y avait pas de navire dans lequel il pût tenir. » ― « Et le pic élevé, et les lacs des deux côtés du pic ? » « C’est lui jetant sur cette île des regards irrités ; les deux lacs des deux côtés du pic sont ses yeux de chaque côté de son nez. »

On rassembla aussitôt tous les guerriers d’Iwerddon, tous les grands chefs, et ont tint conseil. « Seigneur, » dirent les nobles à Matholwch, « il n’y a d’autre plan possible que de reculer par delà la Llinon [1], rivière d’Irlande, de mettre la Llinon entre toi et lui, et de rompre le pont. Il y a au fond de la rivière une pierre aimantée qui ne permet à aucun navire ni vaisseau de la traverser. » Ils se retirèrent de l’autre côté de la rivière, et rompirent le pont. Bendigeit vint à terre et se rendit avec la flotte sur le bord de la rivière. « Seigneur, » lui dirent ses nobles, « tu connais le privilège de cette rivière : personne ne peut la traverser,

  1. C’est la Shannon ; en irlandais Sinon. D’après des expériences faites au collège de France, ll gallois (l sourd), au début de son articulation, donne le tracé de s. Il est remarquable aussi que des enfants, en Galles, jusqu’à l’âge de 2 à 3 ans, prononcent s au lieu de ll.