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tre qu’eux deux n’échappa. C’est alors, je suppose, qu’il traversa la mer et se rendit près de toi. » — « C’est alors, sans doute, qu’il vint ici et me donna le chaudron. » — « Comment les as-tu accueillis ? » — « Je les ai distribués de tous côtés sur mes domaines. Ils se multiplient et s’élèvent en tout lieu ; partout où ils sont, ils se fortifient en hommes et en armes les meilleurs qu’on ait vus. »

Ils poursuivirent leur entretien cette nuit-là, avec récréations artistiques et compotation, tant qu’il leur plut. Quand ils trouvèrent qu’il valait mieux dormir que de siéger plus longtemps, ils allèrent se coucher. Ils passèrent ainsi le temps du banquet dans la gaieté. Quand il fut terminé, Matholwch partit avec Branwen pour Iwerddon. Ils sortirent d’Aber Menei[1] avec leurs treize navires, et arrivèrent en Iwerddon, où on les accueillit avec de très grandes démonstrations de joie. Il ne venait pas un homme de marque ni une femme noble en Iwerddon faire visite à Branwen, qu’elle ne lui donnât un collier, une bague ou un bijou royal précieux, qui leur donnait un air princier quand ils sortaient. Elle passa ainsi l’année glorieusement, et réussit complètement à acquérir gloire et amitié. Il arriva alors qu’elle devint enceinte. Au bout du temps requis, il lui naquit un fils. On lui donna le nom

  1. Aber Menai, l’embouchure de la Menai, ou du détroit entre l’île d’Anglesey et le continent. Aber Menai désigne la sortie sud du détroit.