Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

geit Vran. Celui-ci trouva que sa conversation languissait, qu’il était triste, à cause sans doute de l’affront, tandis qu’auparavant il était constamment joyeux. Il pensa que le prince était si triste parce qu’il trouvait la réparation trop faible pour le tort qu’on lui avait fait. « Homme, » lui dit-il, « tu n’es pas aussi bon causeur cette nuit que les nuits précédentes. Si la réparation ne te semble pas suffisante, j’y ajouterai à ton gré ; et dès demain, on te payera tes chevaux. » — « Seigneur, » répondit-il, « Dieu te le rende. » — « Je parferai la réparation en te donnant un chaudron[1]dont voici la vertu : si on te tue un homme aujourd’hui, tu n’auras qu’à le jeter dedans pour que le lendemain il soit aussi bien que jamais, sauf qu’il n’aura plus la parole. » Matholwch le remercia, et en conçut très grande joie. Le lendemain on remplaça ses chevaux par d’autres, tant qu’il y eut des chevaux domptés. On alla ensuite dans un autre kymmwt[2], et on lui donna des poulains jusqu’à payement complet ; ce qui fit que ce kymmwt porta, à partir de là, le nom de Tal-ebolyon[3].

La nuit suivante, ils s’assirent en compagnie.

  1. Voyez le Mabinogi de Kulhwch et Olwen ; voir plus haut la note à Pwyll Penn Annwvyn.
  2. Voy. la note au mot cantrev, p. 82.
  3. L’auteur y voit le mot tal, « payement, » et ebolyon, « poulains » (armor. ebeul). Chez un poète du xiie-xiiie siècle, Davydd Benvras, on trouve la forme Tal y bolion (Myv. arch., p. 222. col. 1. ) Talybolion ou Talebolion était un cymmwd du cantrev de Cemais on Mon (Anglesey), d’après Powell. La Myv. arch., range Cemais ou Cemmaes avec Talebolion parmi les Cymmwd du cantrev d’Aberffraw (Myv. arch., p. 735).